Ouvrage:Forger notre avenir/Blocages du Québec dans le monde

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Contributeur initial Commission des États généraux sur la souveraineté


Extrait de: Forger notre avenir

Introduction

Régulièrement se prennent à Bruxelles, Paris, Genève, Washington d’importantes décisions qui auront des conséquences directes sur notre vie culturelle, politique et économique. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul domaine qui ne soit l’objet de discussions internationales au sein d’institutions, telles l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et les Organisations mondiales du commerce (OMC) et de la santé (OMS). Par sa politique étrangère, le Canada poursuit des intérêts éloignés de ceux du Québec. Il privilégie des relations internationales axées sur l’anglosphère (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, etc.). Le Québec, pour sa part, outre la zone limitrophe de son marché (Canada et États-Unis), est porté à développer des relations diplomatiques et culturelles davantage du côté de la francophonie et de l’Amérique latine. Or, malgré le réseau de délégations mis en place par le gouvernement du Québec et sa politique internationale, celui-ci est systématiquement empêché de réaliser pleinement ses projets.

Québec, mis à l’écart des principales décisions internationales

1. Le Canada n’a jamais voulu reconnaître au Québec le pouvoir de signer des traités et des accords internationaux qui influencent la qualité de vie des Québécois dans le prolongement de ses compétences constitutionnelles exclusives (doctrine Gérin-Lajoie), comme l’éducation, la santé, la culture, les richesses naturelles, ou des compétences partagées, comme l’environnement et la formation de la main-d’œuvre.

2. Le Canada maintient aussi sa ferme opposition à la participation du Québec aux instances internationales. Il agit comme un État unitaire, même lorsque l’objet du traité ne relève pas de ses compétences. En faisant cela, le Canada met le Québec dans la position de devoir subir les effets de la mondialisation au lieu de lui permettre d’en influencer le cours et ainsi contribuer à sa mesure à l’évolution internationale.

3. La signature d’accords de libéralisation des échanges aura des conséquences importantes sur l’avenir de la nation québécoise. Étant relégué aux discussions de couloir et absent de la table des négociations, le Québec ne peut défendre adéquatement ses intérêts.

4. Malgré le fait que l’environnement soit une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et celui du Québec, le Canada a toujours empêché le Québec de participer aux grandes négociations internationales portant sur l’environnement. Concernant le protocole de Kyoto, malgré sa situation avantageuse en matière d’énergie, le Québec se heurte aux intérêts du Canada dans le secteur pétrolier. Les priorités canadiennes nuisent à l’image et à la crédibilité du Québec, de son peuple et de ses entreprises, à l’étranger.

5. Le Canada base sa politique de défense sur une grande alliance militaire avec les États-Unis et l’anglosphère. Il redéfinit son rôle sur la scène internationale autour d’interventions militaires comme en Afghanistan et en Libye et d’un budget militaire de plus de 22 milliards $ annuellement sans commune mesure avec son statut de puissance intermédiaire. D’ailleurs, bien qu’ils en paient les coûts, les sondages indiquent sans aucune ambiguïté que ces missions de combat ne sont pas le choix des Québécois.

L’action internationale du Québec bloquée

6. Depuis 50 ans, le gouvernement canadien a contrarié, avec acharnement, l’épanouissement du Québec sur la scène internationale, s’opposant entre autres choses à la participation du Québec chaque fois qu’il était question de la francophonie. Le Québec a fini par y être invité. Il doit y siéger comme Canada-Québec aux côtés de Canada-Nouveau-Brunswick et du Canada-Canada. Une absurdité.

7. Le Québec a toujours souhaité parler de sa propre voix à l’UNESCO qui traite de domaines qui sont de ses compétences exclusives. La présence depuis peu d’un représentant du Québec sur le strapontin de la délégation canadienne n’est que poudre aux yeux. Chaque décision importante est prise par le représentant canadien. En cas de désaccord, le représentant du Québec n’est pas autorisé à le signifier publiquement.

8. Dans ses relations bilatérales, malgré son engagement international depuis plus de 50 ans, le Québec est systématiquement freiné par le gouvernement central du Canada. Ce dernier s’oppose dès qu’il en a l’occasion, crée des obstacles et intervient pour empêcher le premier ministre du Québec d’avoir des discussions directes avec un président ou des ministres d’un pays. De plus, il impose la présence de l’ambassadeur lors des rencontres, refuse d’accueillir un dignitaire étranger sur le territoire québécois, bloque, enfin, la signature d’ententes internationales, comme celle avec le Viêtnam sur l’adoption.

Solidarité internationale : Québec subordonné à Ottawa

9. La contribution du Canada à l’aide au développement, en 2010-2011, a été de plus de 5 milliards $, dont plus de 20 % proviennent des impôts des Québécois. Si, parmi les pays donateurs, cette contribution représente l’une des plus faibles sur la scène internationale avec 0,34 % du PIB, elle fut encore diminuée par le dernier budget du Canada.

10. La solidarité internationale exprimée par les Québécois actifs dans les pays en développement est subordonnée au gouvernement canadien et à son Agence canadienne de développement international (ACDI). La politique canadienne qui gère l’attribution des fonds et identifie les pays bénéficiaires exclut plusieurs pays africains surtout francophones et plusieurs pays latino- américains qui dans la politique québécoise sont prioritaires.

11. L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui regroupe 65 organisations d’aide internationale, a dénoncé récemment la politique canadienne qui met de côté les organismes québécois, qui n’ont reçu que 11,2 % du financement total des projets retenus par l’ACDI.

12. L’Agence canadienne de développement international (ACDI) a également coupé les subventions à des organisations civiles jugées trop progressistes et à des organismes voués à la défense des droits des femmes. En revanche, le gouvernement a financé plusieurs organisations religieuses, nouveaux partenaires de l’ACDI, souvent en provenance de l’Ouest, dont une fondation appartenant à plusieurs entreprises minières et pétrolières de l’Alberta. Enfin, après avoir profondément perturbé le fonctionnement de l’organisme indépendant Droits et Démocratie par la nomination de militants ouvertement pro-israéliens, il a mis fin à ses activités.


Québec province ou Québec pays ?
Que diriez-vous si le Québec avait compétence entièrement en matière internationale, avait directement accès à l’ensemble des organisations internationales ? Que diriez-vous si

le Québec pouvait défendre ses intérêts économiques, culturels et linguistiques dans le contexte de la mondialisation? Et que diriez-vous si le Québec peut-il agir comme une nation responsable, solidaire et démocratique, en faisant des alliances avec les pays qui partagent sa culture et ses valeurs pour le progrès de l’humanité ?