Ouvrage:Un pays en tête/Conclusion – Reprendre la parole
Je termine ce livre au moment où le débat politique au Québec s’enlise et s’atomise dans des « causes », parfois importantes, mais déconnectées du grand projet qui devrait nous occuper prioritairement, celui de faire du Québec un pays. De la réussite de ce projet dépend tous les autres projets qu’il est urgent d’entreprendre et de réaliser. On le voit actuellement quant à l’incohérence de nos mesures environnementales face au Canada pétrolier, quant à une intégration difficile des immigrants à la nation québécoise, face à la déconstruction de notre système social, face au recul de la langue française au Canada comme au Québec que viennent tout juste de révéler les premiers résultats du recensement de 2016.
Certains disent que le Québec n’a pas de projet mobilisateur et, pourtant, l’indépendance est le plus grand projet qu’un peuple puisse se donner, le plus mobilisateur parce qu’il lui donne les moyens de réaliser tous les autres, ainsi que je l’ai démontré dans ce livre.
Ce projet est toujours trop largement soutenu pour ne pas se réaliser. Le Québec est mûr pour une nouvelle Révolution tranquille, beaucoup plus profonde que celle des années soixante. La bonne nouvelle est que nous en avons encore plus les moyens maintenant qu’en 1960 ou en 1995. Riche de nos ressources énergétiques renouvelables, mais aussi de notre expertise et de notre savoir-faire, nous possédons tous les atouts pour prendre la place qui nous revient sur la scène internationale et devenir un des artisans de la révolution énergétique mondiale. Au Québec, à cause du souffle nouveau que nous donnera l’indépendance, celle-ci ne sera pas qu’énergétique et économique. Elle s’articulera sur une vision sociale, culturelle et politique globale, une vision faite de démocratie, de solidarité et d’engagement, une vision large comme jamais auparavant.
La réussite de l’indépendance et du projet de pays qu’elle permet de réaliser repose sur la capacité de celles et ceux qui y croient à reprendre la parole, à mettre de l’avant les objectifs et les projets qu’ils partagent avec la majorité des Québécoises et des Québécois, en liant ces projets à l’incontournable question des moyens dont nous prive notre dépendance politique..
C’est l’objectif que je me suis donné en écrivant ce livre, sans m’illusionner sur la capacité d’un seul instrument à y arriver, mais en contribuant à nous donner une base pour l’éducation et l’action politique.
Je souhaite, cher lecteur, chère lectrice, que vous ayez le goût de vous en servir pour prendre ou reprendre la parole à votre façon dans vos discussions de famille, avec vos collègues de travail, au sein des mouvements sociaux et politiques, avec de nouveaux arguments, que vous trouverez bien le moyen de compléter et de rendre accessibles. Il faut activer le débat en dehors des cercles indépendantistes, pour amplifier le goût de ce Québec libre et responsable de son avenir par lequel tout deviendra possible.