Ouvrage:Un pays en tête/Décider de notre avenir

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« Ah ! Que s’opère enfin la mobilisation de tous les hommes qui ont gardé le goût de la vérité et la foi en un Québec libre et rayonnant. Ils sauront que le grand combat que nous avons à mener passe par la double voie de l’indépendance économique et politique, l’une et l’autre bases indispensables de notre avenir. » – Jean Drapeau, 19591

Il y a d’abord une raison existentielle qui fonde la nécessité de l’indépendance. Tous les peuples qui deviennent indépendants le font d’abord et avant tout parce que leurs membres se reconnaissent une identité commune, des valeurs qu’ils partagent, le sentiment profond de former un peuple distinct et, la plupart du temps, une langue qui les rassemble. Les Québécois ne forment pas une minorité ethnique, mais un peuple, disposant d’un État-nation dont la légitimité est fondée sur le principe démocratique de la souveraineté des peuples. Or, la nation québécoise a été, contre son gré, englobée, annexée, subordonnée au sein d’un État contrôlé par autre nation, l’État canadien2. Cette situation, conduit à un choix qui est toujours devant nous : L’assimilation tranquille que nous refusons, ou l’indépendance, essentielle à la pérennité et à l’essor de notre peuple. C’est à nous, et à nous seuls, d’en décider.

Sur un autre plan, un tour d’horizon des grands défis qui confrontent notre nation met en évidence le besoin de rapatrier l’ensemble de nos outils collectifs pour agir selon nos besoins, nos valeurs, nos objectifs. L’indépendance n’est pas une question que l’on peut dissocier de la solution de nos défis collectifs. L’indépendance est un outil nécessaire pour l’action collective. Les liens entre l’indépendance et des questions telles que la langue, le développement durable, la lutte pour la protection de l’environnement et du climat, la solidarité sociale ou les relations internationales du Québec doivent être remis en évidence régulièrement, en fonction des débats actuels et des contextes qui évoluent et confrontent notre société.

Enfin, dans le contexte international actuel, l’indépendance du Québec est urgente. Depuis la création de l’Organisation des Nations Unies en 1945, le nombre d’État indépendants à l’ONU est passé de 72 à 193 3, soit l’ajout de presque deux nouveaux États par année. Nous serons l’un des derniers peuples à le faire ! Au 21e siècle où la plupart des décisions majeures sont prises sur la scène internationale, où les échanges économiques et culturels sont des plus en plus mondialisés, on ne peut continuer, sans danger pour notre avenir comme individus et comme peuple, à nous absenter des affaires du monde en y étant représenté par d’autres. Les adversaires de l’indépendance prétendent que celle-ci serait pleine de dangers, comme si aucun peuple ne l’avait fait avant nous, alors que le Québec est parmi les 30 nations les mieux équipées, sur tous les plans, pour réussir son indépendance. Le grand danger est plutôt notre absence des débats internationaux.

_______________________________1 Cette citation en surprendra plusieurs. Elle date de 1959 : Jean Drapeau, Jean Drapeau vous parle, Montréal, Éditions de la Cité, 1959, page 120.

2 J’utilise les termes « État canadien » ou « Ottawa », car le Canada n’est pas une vraie fédération, encore moins une « confédération », la plupart des constitutionalistes qualifiant ce régime politique de quasi-fédération, un État en fait de plus en plus centralisé.

3 Voir l’évolution du nombre d’États à https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_du_monde