Québec dans le monde
Rédacteur initial: Gilbert Paquette
Blocages canadiens
Régulièrement se prennent à Bruxelles, Paris, Genève, Washington d’importantes décisions qui auront des conséquences directes sur notre vie culturelle, politique et économique. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul domaine qui ne soit l’objet de discussions internationales au sein d’institutions dont le Québec est absent, telles l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et les Organisations mondiales du commerce (OMC) et de la santé (OMS). La réalité, c’est que le statut du Québec comme province canadienne l’isole du reste du monde.
Par sa politique étrangère, le Canada poursuit très souvent des intérêts éloignés de ceux du Québec. Il privilégie des relations internationales axées sur l’anglophonie (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, etc.). Le Québec, pour sa part, outre la zone limitrophe de son marché (Canada et États-Unis), est porté à développer des relations diplomatiques et culturelles du côté de la francophonie et de l’Amérique latine. Or, malgré le réseau de délégations mis en place par le gouvernement du Québec et sa politique internationale, le Québec est systématiquement empêché de réaliser pleinement ses projets, en fonction de ses valeurs propres.
Le Canada n’a jamais voulu reconnaître au Québec le pouvoir de signer des traités et des accords internationaux qui influencent la qualité de vie des Québécois, même dans le prolongement de ses compétences constitutionnelles exclusives comme l’Éducation (doctrine Gérin-Lajoie). Depuis 50 ans, le gouvernement canadien a contrarié, avec acharnement, l’épanouissement du Québec sur la scène internationale, s’opposant entre autres choses à la participation du Québec chaque fois qu’il était question de la francophonie. Le Québec a fini par y être invité grâce à la France. Il doit y siéger étant désigné comme Canada-Québec aux côtés de Canada-Nouveau-Brunswick et du Canada-Canada. Une absurdité.
Sur le plan de la mondialisation de l’Économie, l’État canadien maintient, là aussi sa ferme opposition à la participation du Québec aux instances internationales, mettant ainsi les Québécoises et les Québécois dans la position de devoir subir les effets de la mondialisation sans en influencer le cours. Lors de la conclusion des accords de libre échange, comme l’acccord Canada-Europe, étant relégué aux discussions de couloir, absent de la table des négociations, le Québec ne peut défendre adéquatement ses intérêts. Dans le domaine de l’environnement, malgré sa situation avantageuse en matière d’énergie, le Québec se heurte aux intérêts du Canada qui priorise le secteur pétrolier.
En ce qui concerne l’aide au développement, le Canada offre une contribution parmi les plus faibles sur la scène internationale avec 0,34 % du PIB. Récemment L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui regroupe 65 organisations d’aide internationale, a dénoncé la politique canadienne qui met de côté les organismes québécois, qui n’ont reçu que 11,2 % du financement total des projets retenus par l’ACDI, même si le Québec y contribue pour 20 %. De plus, l’ACDI a coupé ces dernières années les subventions à des organisations civiles jugées trop progressistes (par exemple « Droits et Démocratie) ou voués à la défense des droits des femmes, tout en finançant plusieurs organisations religieuses, dont une fondation appartenant à plusieurs entreprises minières et pétrolières de l’Alberta.
En matière de défense, le Canada définit son rôle sur la scène internationale autour d’interventions militaires comme en Afghanistan et en Libye et d’un budget militaire de plus de 22 milliards $ annuellement sans commune mesure avec son statut de puissance intermédiaire. Bien qu’ils en paient 20% des coûts, les sondages indiquent sans aucune ambiguïté que ces missions de combat ne sont pas le choix des Québécois.
Récupération de nos compétences internationales
Les relations internationales se font entre nations souveraines et indépendantes. Le Québec ne pourra participer pleinement à la vie internationale que lorsqu’il fera son entrée parmi les nations représentées à l’ONU. L’indépendance permettra alors au Québec d’assumer son leadership sur la scène internationale en participant à fond à la mobilisation des États vers une protection accrue de l’environnement, pour le maintient de la paix et de la sécurité internationales, pour aider les pays en voie de démocratisation ou de développement; pour coopérer pleinement au sein de la francophonie, pour contribuer au renforcement de l’espace économique nord-américain en soutien à l’emploi de ses citoyennes et de ses citoyens.
Agir sur le plan international dans un Québec indépendant
Un projet du Québec indépendant, lui permettant d’assumer pleinement son rôle international, comprendra notamment les orientations suivantes :
Francophonie et promotion de la diversité culturelle
1. Devenir membre à part entière de l’Organisation internationale de la francophonie et utiliser les nouvelles compétences et les fonds publics acquis grâce à l’indépendance, pour le développement de la francophonie dans le monde.
2. Privilégier les pays de la francophonie lors de l’attribution des budgets d’aide au développement.
3. Donner suite au rôle phare du Québec dans l’adoption par l’UNESCO d’une Charte sur la diversité des expressions culturelles en étendant cette charte à la diversité linguistique, dans le but de soustraire les questions linguistiques et culturelles aux clauses de libre échange.
4. Faire alliance avec les pays francophones et ceux d’Amérique latine pour établir l’usage dans les faits des principales langues internationales, dont le français, dans les divers organismes internationaux.
Mondialisation et accords économiques
5. Devenir membre de l’ALENA à titre d’État indépendant faisant partie de facto du marché économique nord-américain, en y privilégiant un axe naturel nord-sud avec les provinces et le États de l’est du continent, tout en étendant ses relations économiques nord-sud avec les pays des Caraïbes et de l’Amérique latine.
6. Intervenir en tant que pays dans l’évolution et la gestion de l’Accord économique Canada Europe, compte tenu des relations économiques et culturelles privilégiées avec notre partenaire principal, la France, ainsi qu’avec les autres pays francophones d’Europe et ceux des pays nordiques.
7. Développer une alliance avec tous les pays progressistes d’Europe dans la promotion des énergies renouvelables et d’un développement économique intelligent, respectueux de l’environnement et de la protection du climat.
8. Assumer le rôle naturel du Québec comme acteur géopolitique, culturel et économique dans la région arctique, en collaboration avec la population inuit du Nunavik, et obtenir l’adhésion du Québec au Conseil de l’Arctique qui réunit actuellement huit États de la région circumpolaire, des participants représentants les groupes autochtones et un nombre variable d’organisations internationales ayant le statut d’observateur.
9. Assumer les responsabilités de l’État canadien dans les nouveaux territoires du Québec dans la Baie d’Hudson et dans l’arctiques, notamment par l’accroissement de la garde côtière, compte tenu de l’agrandissement du territoire maritime du Québec indépendant.
Aide au développement international
10. Créer une Agence québécoise pour le développement international et y consolider l’aide actuelle du Québec au développement et la part du Québec dans les fonds fédéraux, jusqu’à atteindre un pourcentage du PIB comparable à la moyenne des 30 pays les plus développés
11. Déterminer les priorités, les approches et les objectifs de l’aide internationale québécoise en fonction des valeurs et des priorités du Québec.
12. Délier les pays bénéficiaires de l’obligation canadienne de se procurer des biens et des services provenant du Québec.
Paix, défense et sécurité internationale
13. Réduire les engagements militaires du Québec par rapport à ceux du Canada, compte tenu que le Québec compte se doter de forces armées « légères », aptes à contrôler le territoire, à assister les autorités civiles, à contribuer aux activités de l’OTAN et du NORAD, et à participer à certaines missions de maintien de la paix internationale.
14. Mettre fin à la politique de l’État canadien de conduite d’opérations de combats, comme en Afghanistan ou en Libye, pour privilégier plutôt les missions de paix et de support au rétablissement de la démocratie dans les pays victimes de conflits armés ou de catastrophe naturelle suite au réchauffement climatique.
15. Mettre en place une mission gouvernementale de veille quant à la paix, la défense et la sécurité du Québec, par une présence du Québec dans toutes les régions du monde, via un réseau plus étendu que les actuelles délégations, lesquelles seront transformées en ambassades et en consulats offrant davantage de services à l’étranger.